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*** Nain.de.Jardin ***
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2 février 2015

En quête de cens

Cens ? T'aurais pas  fait une énorme faute là ? Cens, madame, ça prend un S, pas un C.

Ben si, ça peut prendre un C et un S, les deux mon capitaine !

Bon, pour tout vous dire, ce titre m'est venu la semaine dernière, alors que j'avais l'humeur un chouille en berne. Un truc de marmots. Les petits, ça cause parfois des soucis. Rien de dramatique non plus, mais juste l'envie de dézinguer l'Education Nationale...

Bon, avec des termes comme ça, je vais me faire repérer aussi sec. D'ici à ce que je trouve un monsieur du GIGN sur mon paillasson demain dès l'aube...

Enfin, si il ressemble à un beau pompier, ou à un surfer à planche médiévale, je veux bien causer un peu, juste le temps qu'il me mette les menottes.

Sauf que ça a une cagoule non, un monsieur du GIGN ?

Bon, alors, à l'extrème rigueur, un beau regard bleu acier sous le bonnet... "elle a les yeux revolver, elle  le regard qui ...". Non, je vais pas aller plus loin, je risque définitivement de passer de Cens à censure...

Mais revenons au Sens/Cens

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager un bout de lecture de l'excellent article d'Idriss J. Aberkanne : "Les neurosciences au service de l'apprentissage" (Le Point n°2211).

Ouais, je sais, j'aime les jardins ET les neurosciences ET plein d'autres trucs, c'est comme ça.

Alors, reprenons : un premier petit extrait, juste parce que j'ai biché : "Les calculateurs prodiges comme les hypermnésiques sont très intéressants en neuro-ergonomie, car, tels Le Nôtre ou Lesseps, ils se font dans le cerveau une sorte de jardin à la française en creusant par exemple un nouveau canal pour faire passer l'eau là où il n'était pas prévu qu'elle passât."

Rhaa, j'adore l'idée de Le Nôtre en train de creuser ses sillons internes...

Reprenons :

"l'école est obligatoire, les lits qu'elle creuse [dans le cerveau] nous sont rigoureusement imposés. Il est donc primordial qu'elle mesure sa responsabilité, qui va au-delà de l'acquisition des compétences. Son conditionnement (la note, la peur, la répétition, l'individualisme, etc.) n'est pas anodin pour notre cerveau. Le psychologue Sam Glucksberg, professeur à Princeton, démontre en 1962 l'existence de l'"effet de surjustification" : la récompense peut réduire les performances. C'est l'avis de sir Ken Robinson, expert reconnu en éducation, dont la conférence intitulée "l'école tue la créativité" connait un immense succès. Notre système éducatif ayant été conçu sans rien connaître du cerveau, nous observons aujourd'hui, sans surprise, que son ergonomie est minimale... (...).

Nous le savons depuis Montaigne, "l'enfant n'est pas un vase qu'on remplit, mais un feu qu'on allume". Si le professeur est seulement un distributeur de connaissances, il n'ira pas loin au XXIe siècle : un distributeur, ça s'automatise. Mais s'il est un catalyseur, un chef étoilé du savoir, son avenir est assuré. Mieux, il prendra du plaisir à donner de l'appétit à ses élèves, tout comme eux à déguster le savoir."

Bon, pour résumer, autant vous dire qu'ici, si j'ai l'humeur morose, c'est parce que côté éduc nat, on est plutôt cantine que chef étoilé. Et que côté feu allumé, moi, "la mère" (responsable de tous les maux des enfants, c'est bien connu) j'ai plutôt face à moi la version pompier versus GIGN. A savoir, "on éteint le feu, et si ça continue, on emprisonne". On pourrait même ajouter à ce charmant portrait un certain côté "j'adore les tiroirs et les étiquettes".

C'est tellement pratique une étiquette. Aller hop ! Classifié, reconnu, identifié.

Suivant !

Bref.

Passons.

*

Et les Cens ? Ah ben oui, tient, j'allais oublier... Ben le cens, c'est une redevance, un impôt quoi. Et dans le cas qui me préoccupe en histoire depuis quelques jours, c'est plus exactement : "La censive, ou terre censale, est un fonds qu'un seigneur de fief a concédé contre le paiement perpétuel d'un cens. Il en a vendu la propriété utile (dominium utile), propriété qui pourra passer aux héritiers qui, à leur tour, et solidairement, devront continuer à payer le cens. Le censitaire, celui qui tient le fonds à cens, est responsable de cette terre et propriétaire de sa production. Le seigneur censier, celui qui a droit de lever les cens, conserve la directicité, la propriété éminente (dominium directum)."

Ok, ok, j'arrête :0)

Cens, Sens, Censure, Sans Sûre, va falloir, dans tous les cas, que j'assure...

*

Bon, et puis parce qu'il ne faut jamais perdre le vrai sens, celui de la Vie, un peu de poésie, jamais ne nuit :

Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie,

Et sans dire un mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties,

Sans un geste et sans un soupir,

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,

Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,

Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre,

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles,

Travesties par des gueux pour exciter les sots,

Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,

Sans mentir toi même d’un mot,

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois,

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,

Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi,

Si tu sais méditer, observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, mais sans laisser jamais ton rêve être ton Maître,

Penser sans n’être qu‘un penseur,

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage,

Sans être moral ni pédant,

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite,

Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête,

Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Ne seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils !  

 

Rudyard Kipling

 

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Commentaires
M
Merci Madame Nain ! pour ce magnifique texte dont j'avoue sans honte je ne connaissais que le dernier vers... et l'auteur ! mais maintenant il va venir en bonne place parmi ses comparses que j'aime tant...<br /> <br /> je connaissais le cens comme impôt mais je ne connaissais pas tout en détail... (j'adore apprendre ! peut-être ai-je eu la chance d'avoir de bonnes maîtresses d'école...)<br /> <br /> Mais Madame Nain si tu en es à remettre les barres sur les T attention de ne point mettre les poings sur les I... (surtout celui du GIGN, ils ont du répondant qui répond fort !)<br /> <br /> le bisou du lundi pour un bel après-midi<br /> <br /> ml
L
L'école n'est pas un ilot isolé de la société.Elle est chargée de transmettre le savoir avec des codes et des règles issues de la vie en société. Elle en est le reflet. Alors si" l'école tue la créativité", que dire de l'entreprise qui suivra l'école, en cas de chance? Sinon,ce sera Pôle Emploi. Pire encore pour l'imaginaire !
L
Magnifique ! Tu m'étonneras toujours. Ce sublime poème de Kipling est probablement moins connu des instits que les vers de Maurice Carême. Miserere...
C
Laisser faire ! ils sont pas couillons nos enfants, même après 19 ans d'école (eh oui, mon aînée s'est tapé 19 ans d'école, elle qui ne supportait même pas l'idée de rester un quart d'heure assise à écouter des mots qui lui passaient bien au-dessus) leurs facultés de vie, de création est intacte. elle empoigne sa vie d'adulte avec humour et sensibilité. même après 19 ans elle reste rebelle et imaginative ! <br /> <br /> belle journée
S
Ah, pas toujours facile le dialogue avec l'Education Nationale... (mais il faut reconnaître qu'il y a des parents pas piqués des hannetons non plus... genre "vous lui avez confisqué son portable en cours, mais c'est un scandâle, vous n'avez pas le droit..")<br /> <br /> Ces temps-ci j'ai la chance d'entendre mon fils de 7 ans me dire tous les vendredis :"chic, cet Après-Midi, j'ai anglais", ça me ravit... mais quand je vois certains profs de ma fille ainée ressortir les mêmes interros depuis des années... enfin c'est comme dans tous les métiers, il y en a des bons et des mauvais, quoi...<br /> <br /> Et merci pour ce beau poème toujours d'actualité.<br /> <br /> A bientôt - Agnès
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