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4 mars 2015

Petite chronique du harcèlement scolaire ordinaire

En guise d'explication. Pour que si, un jour, vous êtes confrontés au problème, vous ne puissiez pas dire, on ne savait pas...

Petite chronique du harcèlement scolaire ordinaire. Dans le public, dans le privé, quel que soit l'âge, et l'école :

Au début, l'enfant qu'on harcèle se plaint, les enseignants grondent les uns et les autres. Et puis ça recommence. L'enfant réagit. Il tape aussi. Comme le processus se répète, il devient le bouc émissaire, un jeu s'installe. C'est trop drôle d'aller provoquer l'enfant en douce. On va le taper discrètement, lorsque les adultes ont le dos tourné. Il répond, et tape aussi. Il se fait gronder. Lui, les adultes l'ont vu faire. Les harceleurs rigolent en douce, eux à qui on ne dit rien. L'enfant harcelé devient un enfant à problème. C'est toujours de sa faute. Alors on convoque les parents. Les parents demandent à l'enfant de ne plus taper, d'avoir un comportement exemplaire, de ne plus réagir.

L'enfant commence alors à s'éteindre peu à peu. Puisque les adultes de l'école et ses propres parents lui demandent de ne pas réagir. Puisque personne ne comprend le cercle vicieux dans lequel il est enfermé. L'enfant se dit, dans son fort intérieur, que si les adultes ne punissent pas ses harceleurs, c'est que tout cela doit donc être normal. Même si, au fond de lui, il sent bien que tout cela est injuste.

Face à l’incompréhension des adultes, l'enfant ne dit plus rien. Et comme il n'a plus que ça comme moyen de communiquer avec les autres enfants de l'école, et bien il demande à ses harceleurs de le taper. Un moyen comme un autre de rentrer en communication. C'est déjà mieux que rien...

Parce que oui, il n'a plus d'amis. Forcément. Certains aimeraient bien jouer avec lui, mais les harceleurs veillent. Attention, si tu joues avec l'enfant, on sera plus amis avec toi...

Le processus se met vite en place chez les petits... Et leur absence de sens critique rend la chose difficile à voir.

Sauf que le sur-moi finit par prendre le dessus. L'enfant agressé régresse, son écriture se dégrade, il n'arrive plus à parler, il a mal au ventre, il est en apnée. Il s'enferme dans une angoisse permanente. On évoque bien de temps en temps la phobie scolaire, le médecin en parle. Mais lorsque les parents vont voir les enseignants, ces derniers haussent les épaules, ils voient bien, eux, que l'enfant est violent. Et puis c'est bien connu, les mères sont trop protectrices. Ahhh, les enfants rois... Deuxième haussement d'épaule.

Heureusement, certains enfants ont des bonnes étoiles, et des parents surinvestis :0). Les parents se disent que si l'enfant régresse, c'est peut-être parce qu'il a un problème de santé. Les bilans médicaux se succèdent. Les parents transmettent à l'école. Troisième haussement d'épaule. "Il est peut-être hyper-sensible, en attendant, il a encore bousculé une petite fille aujourd'hui". Coup d'épée dans l'eau.

Et puis un jour, une thérapeute met enfin le doigt sur le problème, permet à l'enfant d'exprimer ce qu'il ressent. Et alerte les parents. Attention, votre fils est en danger, il est en train de s'autodétruire. Sortez le de là, et vite.

Alors voilà, on a sorti notre fils de là, et vite...

Et Dieu qu'on a bien fait...

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Commentaires
C
Belle route à ce petit et à ses parents. La reconstruction n'est jamais simple, prend du temps et laisse (quoi qu'on en dise) des traces ... Ces traces je vous les souhaite synonyme de force, de détermination et surtout, surtout, d'estime de soi!
M
larmes aux yeux... (et un peu sur les joues)<br /> <br /> ne jamais lâcher il n'y a pas et n'y aura jamais de combat plus justifié que celui qu'on mène pour nos petits (même si les miens ont maintenant 34, 27 et 24 ans !).<br /> <br /> t'es une Grande, Madame Nain et je t'aime !<br /> <br /> bises<br /> <br /> ml
A
Je comprends parfaitement ce que vous vivez, mon fils a connu cela l'an passé au collège, racket au devoir, tabassage, et plus aucun copain, il ne voulait plus aller à l'école au retour des vacances, comme bien souvent. C'est le CPE qui nous a alerté de la situation, il avait remarqué qu'à la récréation il était seul et proche du bureau de la vie scolaire, nous n'avons rien vu venir. Malgré la vigilance de tous, certains actes se sont reproduit en cours d'année. Nous avons regretté de ne pas avoir porté plainte....idiots comme nous sommes, nous avons cru en la bonté humaine. Ils sont dans le même collège mais plus dans la même <br /> <br /> classe. Il semble que le "calme" soit revenu, restons vigilant, les copains sont revenus.<br /> <br /> Bon vent à vous.
E
J'en ai les larmes aux yeux... et j'allais te dire à la lecture du début si bien écrit, que ça sentait le vécu...<br /> <br /> Chez moi nous sommes "différents" (je ne rentrerais pas dans le détail qui n'a pas en soi grand intérêt), et être différent, c'est une lourde charge à porter. Enfant bien sûr, mais aussi adulte lorsqu'on continue à le payer cher presque chaque jour...<br /> <br /> Moi, c'est à 40 ans passés que j'ai découvert pourquoi, grâce à l'aide d'une psy spécialisée dans ma "différence".<br /> <br /> Dans sa salle d'attente lorsque je croise quelqu'un, c'est forcément un enfant, parfois avec ses parents, parfois seul. Je suis l'une des rares adultes qu'elle reçoit.<br /> <br /> Même si 5 ans après, je continue à comprendre certaines choses grâce à son diagnostic, je continuer à penser (comme ton enfant) que c'est simplement "injuste". <br /> <br /> Quoi qu'il en soit bravo, je trouve que c'est difficile de savoir avec les enfants, et toi tu as su écouter et faire ce qu'il fallait en l'emmenant voir un thérapeute.
S
poignante description d'un parcours qu'on ne souhaite à personne. <br /> <br /> Non les mères ne sont pas surprotectrices, elles bénéficient juste d'un sixième sens !<br /> <br /> Bonne reconstruction :)<br /> <br /> Bises ma belle
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