Crétinisme en lapins
Les enfants sont-ils des crétins ?
Ouh, là, où tu vas là ?
J'en vois qui commencent à s'insurger : "Ah, non ! Pas les miens en tout cas !".
Mais non, et les miens non plus d'ailleurs.
Alors pourquoi ?
Pourquoi l'ensemble ou presque de ce qui est destiné à nos chers petits baigne dans un univers de crétinisme total ?
Je passe sur la télé, j'ai pas trop de références sur ce coup là.
Mais, si, à l'identique de la famille nain, vous allez de temps en temps errer dans les supermarchés, à la recherche de matériels divers et variés, on peut se poser la question.
Rayon brosses à dents : 12 milliards de références différentes, avec schmoutz à roulettes, mit fil dentaire, con couleurs, with plaplaque gratte-langue. Tout est bon dans (l'ex) soie de cochon.
Oui, oui, au tout début, les brosses à dent étaient faites avec des soies de sanglier (soit un gros cochon, on va pas tergiverser), et après avec celles des blaireaux. Aujourd'hui, c'est du pétrole compacté.
Autant vous dire que y'a un sacré passé côté fabriquants de brosses à dents.
Bon, une fois passé le rayon adulte, et fait à peu près 500 mètres, on arrive aux minous.
Là, on peut pas rater le rayon : couleurs criardes, manches improbables, ou pour dire les choses telles qu'elles sont : on se demande si les gens qui conçoivent ce genre d'instruments n'ont pas, à défaut de la brosser, fumé la moquette et abusé de substances illicites. Passons sur le corps de girafe violette difforme, à tête de brosse. Je vois mal mes nains se brosser les quenottes avec une tête de girafe. Ce qui du coup, donne un côté assez dadaïste à la chose. Mais ça, c'est pour la vision intello du rayon.
Après, y'a des dragons à ventouses, jaune et vert à petits pois pour les 2-6 ans. Et des lapins crétins.
Alors voilà, 500 mètres pour les grands, et 30 cm pour les petits. Et moches.
Pas trop le choix, on prend les lapins crétins à ventouses.
Protestation des nains : "mais ça va pas non, on va pas prendre des lapins crétins !"
Ben si. Tant pis. Vu l'agoraphobie familiale, dotée qui plus est d'oreilles de compet qui font que la moindre musique de supermarché s'apparente au décollage d'un 747, on va pas traîner 1000 ans là-dedans. On négocie en leur disant qu'on allait leur flanquer un coup de vernis sur la tronche (aux lapins, pas aux nains) et que tout irait bien dans le meilleur des mondes sans caries.
Sinon, côté dentifrice, le rayon enfant, c'est goût fraise.
Goût fraise... Sucré donc.
Je sais pas vous, mais moi, je trouve que ça créé de drôle de cheminement dans le cerveau de se laver les dents avec un truc sucré. On est censé l'enlever le sucre, histoire que les crobes s'en nourrissent pas. Pas inscrire genre Pavlov que se laver les dents, c'est se sucrer le bec en même temps...
La réflexion vaut pour tout le reste de la nourriture pour lapins. Parce que oui, les industriels estiment qu'il existe des aliments spéciaux pour enfants.
La vache qui rit par exemple.
C'est bourré de sels de fonte la vache qui rit. Autant pas trop réfléchir sur ce que font les sels de fonte dans l'organisme d'un petit (ou d'un grand). Même combat pour le Kiri (moins vache en apparence, et pourtant...).
Côté céréales ou boissons, pêtés de sucre, on est plutôt dans la vision LSD.
A savoir que, si on a bien tout compris aux messages inscrits sur les boites, la seule ingestion des produits en question :
1- T'envoie au plafond
2- Te fais rire comme un con
3- Te fille l'énergie d'un zébulon
4- Te donne des hallucinations
Drôle de rapport à la nourriture quand même... Entre sniffer du Nesquik ou se shooter au Prince de Lu, on hésite.
Et on finit au rayon bio.
Bref.
Après, on erre un peu, histoire de trouver 2 ou 3 autres machins.
Rayons vaisselle jetable, 500 mètres accordés aux anniversaires. Saturation en Disney, "Libérée, délivrée...". Pas d'autre choix pour les filles que de finir princesses à frous-frous ou putasses à paillettes (ben oui, attend...) moulées dans des mini tee-shirt, et jupe raltouffe assortie.
Suis-je bien sûre de vouloir que ma fille idolâtre cet univers là ?
Non.
Ca tombe bien elle non plus. Pfiou...
Ben ouais, pfiou.
Parce qu'après, je vous passe le rayon vêtements, où les frous-frous et la paillette caracolent en tête, la vaisselle, où la moindre assiette pour petit s'orne d'une bagnole rouge (au moins, ils sauront dire "voiture" in english), le moindre verre de dragon ball Z, ou autres zéro improbables à costumes moulés, aux traits agressifs, si possibles armés d'une épée, ou d'un machin prêt à vous zigouiller.
Voilà : pour les filles, point de salut sans le rose, la paillette et le look starlette, et pour les garçons, de l'agressif, du super-héros et du violent qui pête.
Tutututu... Petite musique de supermarché.
*
Si on projette un peu, quand ils seront grands nos petits, ce sera ça leur univers ? Vraiment ?
Côté filles, des maisons à paillettes remplies de moumouttes roses, débordantes de chamalows violets, de pouet-pouet à kikis et autres objets à crétinisme benêt ?
Et côté garçons, des grosses bagnoles rouges, avec moteurs qui font du bruit et conducteur bourrin, histoire de faire peur au voisin ?
Ah, c'est déjà le cas ?
Merde.
*
Et le Beau ?
Et l'éducation ?
L'Art ? Le goût ? L'harmonie ?
Que vont devenir les enfants nourris uniquement à ce régime là ?
Crétins ?
J'espère pas...