Chasseur-cueilleur...
Il y a un moment que je n'ai pas ouvert mes fenêtres sur le monde des petits riens, dépoussiéré les rayons de mes ensoleillés matins.
La tête ailleurs. La temporalité en bagage. Comme un léger décalage.
Je suis au XVIIe siècle, de celui qu'on appelle "le Grand". Et pour cause.
Le sujet est vaste.
L'aurai-je cru ? Depuis l'arrivée d'internet, les gestes évoluent. Et de chercheurs empoussièrés, l'érudit en geek s'est transformé. De mots-clefs en recherches inappropriés, loin de l'encre et du papier.
Il y a encore 10 ans, pour trouver, le chercheur hantait archives et bibliothèques, entre rat et roi. Une bibliographie était alors un trésor. Celui qui avait la plus importante, en ayant réussi à lire l'ensemble des ouvrages qui la contenait, parfois cachés au fin fond de lointaines conservations régionales, ou répartis dans les bibliothèques mondiales, était tsar en son empire ; celui qui savait.
Un savoir présenté, offert, analytique. Des clefs, pour comprendre le passé, le dévoiler, le publier, l'offir comme de nouvelles radicelles à la compréhension du monde.
Depuis, de bases de données en banques d'images, l'arbrisseau est devenu chêne, et l'étendue de son racinaire, toile aux connexions mondiales. De clouds en data, l'érudition s'offre aujourd'hui comme une rose épanouie au matin...
Le chercheur n'est plus chercheur. Sur la canopée amazonienne des mots, d'index en océrisations, devenu cueilleur, il glane...
Lui reste la méthode.
Et la connaissance.
Car sans Savoir, comment débroussailler le chemin, séparer le bon grain de l'ivraie ?
Et puis, après, il y aussi l'abandon.
Oui, l'abandon. Drôle de mot pour un chercheur. Et pourtant... Celui que l'on accorde au pur instinct, capable d'aller chercher au plus profond de soi le mot-clef qui va faire évoluer la recherche. Celui qui va laisser la place à l'évidence, donner leur chance de s'exprimer, au-delà du temps, à ceux que vous étudiez.
C'est là qu'alors, entre cantiques et quantiques, s'y dévoilent ceux que l'on croyait pourtant si bien connaître. Au delà des mots et des poncifs, s'y révèle pour finir une autre histoire.
Baude Cordier, recueil de ballades, motets et chansons, début XVe, Musée Condé Chantilly
Celle d'hommes et de femmes du temps passé, devenus, le temps d'une recherche, si proches et pourtant si lointains.
Faisant de vous, pour finir, un passeur de mémoire...
Un historien.
Ave historici, mortui te salutant...