Pando, géants et autres clones
Ma curiosité m'avait poussée vers ceux que l'on admire le plus, les géants, les tordus.
Ceux dont l'âme quasi immortelle pousse au respect.
Des résistants. Face au temps, à l'espace, aux maux. Défiant les années, durs au mal, l'écorce tannée, patinée de vents et d'alizées.
Centenaires placides, à la vigueur juvénile...
Héritiers de temps ancestraux, passeurs de mémoire végétale.
Comme un pari prit sur le temps. Une allégorie du passage.
...
Et puis j'ai découvert ceux là.
De fraîches jeunes pousses. Un drôle de nom : "Pando", "je m'étends" en latin. Un nom à la fois si simple, et si compliqué.
Car ne nous y trompons pas, sous ces juvéniles chevelures mordorées se cache le témoin du début de l'humanité.
Issus d'une racine mère née il y a plus de 80 000 ans, clones de leur défunt géniteur, ces peupliers en perdurent la mémoire, reliés en un seul corps, une seule racine. Sous cette forêt de milliers de troncs identiques, à la génétique commune, bat encore le coeur primitif du premier né.
La biomasse végétale la plus conséquente au monde. Le plus imposant organisme vivant de notre planète.
Peuplier. Peuple hier. Peut plier.
Lorsque l'arbre cache la forêt, l'allégorie fait place au sens...