Fou-rire universitaire bio
Lorsque l'on est archéologue, une partie du travail réside dans la diffusion de ce qui commence, après moult années passées au fond des tranchées, par apparaître comme un savoir acquis.
Où comment retourner sur les bancs qui abritèrent votre jeune fessier pour, à votre tour, enseigner à de tous frais bacheliers l'art du jardin et ses digressions archéologico-logiques.
La partie la moins sympa, c'est tout bêtement que ces jeunes âmes toute de savoir en demande, vous projettent dans un devenir qui vous relègue à l'état de fossile. Bon, vous avez beau expliquer que tout cela n'est pas si loin, que malgré votre long passé professionnel, vous avez encore 20 ans de cortex cérébral, vos rides, hélas, vous trahissent.
D'autant plus lorsque, par un trait d'humour, vous essayez de dérider l'assemblée, et que votre blague, pourtant jugée par vos neurones sénescents comme plutôt drôle fait un flop abyssal.
Vous pensiez vos références encore d'actualité (quoi, vous ne connaissez pas Pierre Richard ? Le grand blond avec une chaussure noire ?).
Et bien non.
Bide total.
Face à de jeunes faciès nés à la toute fin du XXe siècle, vos références ont juste une génération de retard... Aïe.
Alors quand c'est à votre tour de juger les copies de ces fraîches pensées toutes juste sorties de l'adolescence, et bien vous vous sentiriez presque l'âme d'un Dark Vador professoral, au stylo rouge vengeur, yek yek ! (rire sardonique, référence "Satanas et Diabolo", que seuls les presque 50 ans peuvent connaître...).
Sus à l'ineptie et à la référence idiote ! Boutons hors des copies la réflexion bécasse !
Bon, j'ai pas l'air comme ça, mais je fais les choses correctement. Avec attention, concentration, et tout et tout.
Mais lorsque dans une copie ma fois plutôt déjà pas terrible, je trouve ce merveilleux paragraphe, et bien là, j'avoue, l'excercice correctif à l'implaccable sérieux devient jubilatoire !
Je cite mon étudiant - à propos d'un grand parc créé dans les années 1780 - : "Dans le grand Parc, l'essentiel restera un bois, sauf un extraordinaire potager (probablement bio à l'époque), le Marquis étant féru de botanique et de science".
WOUARF !
Déjà, il faut un certain courage, voire un courage certain pour lire avec attention cette prose décousue. Mais le "bio" du marquis, haaa, là, j'adore !!!
J'en oublierai presque mon humoristique flop abyssal ancestral...
Dommage qu'on ne note pas au fou-rire !