Hystériques Historiques

 De l'art de la visite monumentale...

Ou comment visiter au mieux châteaux et jardins.

Car le Monument Historique se visite le soir, faut le savoir...

Outre le fait que le soleil rasant va bien a toute architecture qui se respecte, l'évitement de l'hystérique historique demande parfois quelques circonvolutions...

Prenons un beau château, à tout hasard, Chenonceaux.

Arrivée sur les lieux à l'heure du goûter, la famille Nain pensait naïvement, en cette veille du 15 août, pouvoir se promener benoîtement de jardin en monument.

Aïe.

L'allée monumentale présageait déjà d'un certain chaos, remplie jusqu'à la lie de touristes débraillés aux marcels débordants et d'appareils photos japonisants. Après une entrée bousculée dans le corridor, vint le passage obligé de l'odieu-guide, puis l'engouffrement en salle. Je renaclais dès la chambre de Diane.

Impossible.

Impossible de voir de si beaux lieux tels des sardines en boite. Dieu sait que j'aime l'art portuaire, mais là, le banc manquait d'air.

Retour illico aux jardins.

Car il faut le savoir, hors des sentiers battus du guide à vocalité babelesque, hors des chemins décrits par la douce voix de l'odieu-guide, point de touristes aventureux.

Nous voilà donc partis dans les allées parfumées, dans le sublime potager, d'hortensias en ânes culottés, de pommiers en rosiers. Douce balade solitaire, où seuls les baguenaudeurs en quête d'ailleurs osent encore poser un pied promeneur.

Esseulés dans le grand parc, voilà qu'arrive l'heure idéale. Celle de la sortie des bureaux, de l'appel de l'apéro. A 18 heures, c'est là qu'est le bonheur.

Plus un chat dans le jardin, et un château retourné à son dormant destin. Bonheur parfait des bouquets odorants, les tapisseries pour seuls miroirs, le tufeau blanc caressée par le soleil rasant. Parfait bonheur...

Le lendemain, forts de l'expérience acquise, après une visite diurne à Chaumont vite oubliée, nous voilà à Villandry en tenue de soirée. Sérénité renouvelée du soir. Et le seul chat croisé, le bien nommé Félix, était maître en ses jardins...

Le lendemain, puisque deux sans trois, cela n'existe pas, go to Chambord. Arrivée à 17 h 00, traînaillant de goûter en fraîches goulées, regardant avec délice les touristes reprendre le chemin d'autres contrées.

Lorsqu'à 17 h 20, Monsieur Nain, glissant un regard oblique vers un quelconque panneau annonça dans un tonitruant taïaut "le château ferme à 6 heures"!

Me...de ! Ah non alors, je veux mon François Ier moi. Hors de question d'en rester là. Course à petite foulée vers l'entrée ; zut, les guichets sont fermés. Qu'importe ! Passage en douce devant les guides éreintés, traversement de boutique encombrée, et hop, direction la sortie. Grâce à une ibérique maman à poussette encombrante, nous voilà passé directement dans la cour de l'historique monument sans verser d'espèces trébuchantes.

Ho ! Ah ben bravo !

Bon, je me suis promis de rendre à César ce que Chambord m'offrit ce jour là. J'aurai bien l'occasion de lui rendre la monnaie de sa pièce à ce merveilleux, par quelques petites recherches ou autre temps passé dans son univers curieux. Pas de ça entre nous...

Passage rapide dans la double révolution, arrivée sur les toits. Les terrasses encore bien occupées, sans hâte ni cavalcade. Le temps est à nous.

La demi-heure fut douce. J'aime tant cette Jérusalem céleste encheminée, ce petit monde ennardoisé.

Sur le bas, Chambord est une grosse machine, embastionnée et massive. Sur le haut, c'est un autre carat, l'élancement aérien, le foisonnement des coursives...

Le retour vers la sortie fut plus doux, avec explication scientifique de la double hélice, et cheminement apaisé au contour des lices.

Certes il fallut bien utiliser les nains, pour provoquer un funeste écho lorsque deux flamands s'en vinrent téléphoner bruyamment à 2 centimètres de notre sérénissime repos. Le choix des armes enfantines se révèla des plus efficace, et la chasse belge rapide. Quant aux loupiots braillards, trop heureux d'avoir aidé leurs parents hilares, ils repartirent éreintés, mais contents !

De l'art de visiter les historiques monuments...

Comments

[Alexandra]

C'est pas rien les visites de châteaux dans ta famille !!!

Vraiment très drôle !!! Merci !

Excellente soirée.

[3pommes]

qu'il doit être plaisant de visiter tous ces lieux avec toi

si tu veux adopter un nain de plus je suis prête pour la promenade

[Tout chocolat]

Et oui la stratégie familiale: au lever ou au coucher.Imparable!

[la marmotte]

l'utilisation des capacités des nains m'a semblé fort à propos ;-)

bises iodées !

[isabricole]

encore merci pour ces précieux conseils je les garde en réserve pour quand mon nain, devenu grand, me confira le sien

d'ici là j'ai le temps de préparer mes commentaires