Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
*** Nain.de.Jardin ***
*** Nain.de.Jardin ***
Newsletter
Archives
Visiteurs
Depuis la création 278 307
4 février 2017

Antoinette, je crois bien que je viens de déterrer la Joconde...

Quelle phrase, mon Dieu, mais quelle phrase...

Elle me suis depuis plusieurs jours celle-là. Elle a un je ne sais quoi. Entre Magritte et Victor Duchamp.

Un peu comme un "Simone, fais les valises", mais en nettement plus élégante quand même.

Y'a des trucs parfois (enfin souvent chez moi).

C'est de l'ordre du je ne sais trop quoi. Une trame, des fils tendus qui s'entrecroisent, des thèmes récurrents. Un petit côté Parques...

Côté Parques, parmi ceux qui hantent mes jours, il y a Claude, Dédé, Georges-Louis,... Des grands, de ceux dont on se dit que forcément, vu leur force de caractère, ils laissent des trucs derrière, voire vous ouvrent parfois de curieux chemins en croix. Ceux-là, j'hésite pas, Quand je travaille sur eux ou leur époque, si j'ai un truc qui bloque, je leur pose la question. Et croyez moi ou pas, ils répondent...

C'est drôle d'ailleurs, car bien que flamboyant, Claude était plutôt discret, un homme de bien, droit dans ses bottes.

Tellement droit que le lien internet il n'en veut pas.

Et croyez moi, c'est pas faute d'avoir essayé. Repris la chose, relié la prose. Niet, nada, niente. Dans l'ombre je fus, dans l'ombre je resterai. Soit. Respections la chose, côté Claude, restons en là.

*

Francisque, en revanche, c'est un autre carat.

De page Wikipedia, il n'a pas. Faut-il encore que je l'écrive.

Dieu sait que lui, pourtant, il rêverait d'en avoir une...

Francisque, je l'ai croisé y'a près de 30 ans (pfff...), et pourtant, côté Parques, il est toujours là.

Un artiste moyen, au coup de pinceau habile, mais pas forcément subtil. N'est pas Michel-Ange qui veut. J'ai au dessus de mon bureau certains de ses tableaux. Certains moyens, d'autres plutôt beaux.

Si la production peinte de l'homme fut tout au plus moyenne, en revanche, côté artisanat, c'était un faussaire hors pair...

Avec une petite prédilection : l'archéologie. C'est d'ailleurs comme cela que je l'ai rencontré cet affreux. Au travers de ses mots, de ses schémas et de ses aveux.

Enfin aveux, aveux...

Pour la petite histoire, l'homme en avait sous la pédale, arpentait la région, dessinait. Mais jamais n'arrivait  à distinction. Toujours pâle.

Quoiqu'il fasse, on le tenait pour médiocre. Qu'il propose ses toiles aux comices agricoles, à l'exposition florale, ou aux concours de Guignols, il passait toujours pour un gogol.

Jusqu'au jour où, flairant la bonne affaire, il se met à fouiller les tombereaux d'archéologiques terres :

- Oh, le joli peigne que voilà ! Et une fibule, que dis-tu de celle-là ?

Dans un premier temps, soucieux de se placer, le peintre fit don de ses trouvailles aux musées.

Mais n'était pas Schliemann qui veut... On enregistra la chose au mieux.

Au pire l'affaire dû finir en poubelle ou container. Car de ses trouvailles, je n'ai trouvé que l'inscription, mais rien dans les collections.

*

Schliemann, au passage, appela ses deux enfants Andromaque et Agamemnon.

Andromaque Schliemann, et Agamemnon Schliemann. Ca le fait quand même. On a la culture qu'on peut.

Faut dire qu'à la maison, on causait en grec ancien. Je dis ça, je dis rien. Ca doit avoir de la gueule de dire "passe moi le pain", en grec ancien.

Ça a quand même dû jaser sec à l'école. J'espère qu'ils avaient du caractère ces deux là, parce que fallait quand même assumer, en avoir un peu sous le capot. Bon, sachant qu'on n'est jamais à l'abri non plus d'un Jason Choubidou ou d'un Ulysse Dupont, voire d'un Icare Breton. De nos jours, tout est bon dans le prénom.

Mais à l'époque...

Tient, ça c'est trésor de Priam, trouvé par Schliemann.

Pas mal non ?

Priam's_treasure

Et ça, c'est madame, portant le collier dit "d'Hélène" (celle de Troie, la vilaine).

sophia_schliemann

Ce qui inspira à David Macaulay, l'auteur de "la civilisation perdue" ce magnifique archéologique écho.

civilisation-perdue-5

(Si vous n'avez pas lu "la civilisation perdue", courrez-y, c'est un bijou).

*

Bref,notre pauvre Francisque quoi qu'il fasse, n'arrivait pas à se placer.

Soit, si l'affaire ne pouvait passer par un talent reconnu, autant en utiliser un autre pour se faire porter aux nues...

L'homme découvrit alors un trésor...

Enfin découvrit. Il le fabriqua.

Dans un premier temps, il s'entraîna sur les fameux peignes. Et accoucha d'une jolie série aussitôt casée muséalement en tabletterie.

Fort de ses premiers essais, il se lance alors en bijoux d'amour. Soit-disant découverts au gré d'un labour.

20141023_164747fsfs

(oui, je sais, l'homme ne manquait pas d'humour : un kiki volant et des tambours, et vous voilà revêtue de vos plus beaux atours...)

L'affaire fit grand bruit, mais retomba aussitôt dans l'oubli. Notre Francisque dépité vendit la chose en  Albion. Et fomenta plus grand, avec plus de précision.

Fort de l'achat d'une maison, qui plus est plantée à deux pas d'un illustre site à l'archéologie bien marquée, le voilà qui se lance en sculpture. Mais, sur ce point, c'est la déconfiture.

Autant abandonner le ciseau pour la virole.

Car côté casseroles, en revanche, la bête assure...

h2_47

Pas mal non ?

Du coup, il en fait tout un plat. Et se met à fondre tant et plus pour retrouver l'esprit de Lucullus.

Puis convoque d'érudits archéologues, devant lesquels il découvre, au hasard d'un coup de pelle, ses trésors de vaisselle...

Bon, l'affaire fit pschitt. Faut-il croire qu'il ne s'agissait pas de talent mais plutôt d'un caractère à l'ancant. De lui, les plus grands se sont gaussés, laissant dans l'oubli celui qui par volonté de reconnaissance avait fauté.

Me reste encore à savoir où sont passées l'ensemble des casseroles, salières et autres aiguières...

J'y travaille, j'y travaille...

En attendant, Francisque ne m'oublie pas, et fait teinter mon grelot lorsqu'au gré de ventes se retrouvent ses tableaux... Ma collection de croutes s'enrichit.

Moi non, en revanche ! Si ce n'est d'anecdotes en son nom. Mais allez savoir, lorsque j'en aurai refait l'histoire...

*

Bon, et alors, et Antoinette ? Qu'est ce qu'elle va faire de la Joconde ?

Parce que là, on cause, on cause, mais on oublie le début de la prose.

Antoinette, c'est la femme de Jean.

Antoinette et Jean, ils habitent dans la Louère. Oui, à Saint-Just (prononcez : "ça un jus", sinon, ça perd de son charme), on dit "Louère".

Et Jean, un jour, alors qu'il labourait ses navets, il tombe sur ça

Venus_de_Brizet_(Venus_aux_navets)

Bon sang de bois, le sien ne fit qu'un tour en une seconde :

"Antoooiinette, je crois bien que je viens de déterrer la Joconde !"

A défaut de Mona voire Lisa, on appela la belle dévêtue la "Vénus aux navets", histoire en agriculture, de rejoindre culture et culture.

L'affaire fit le tour des magazines, le beau marbr antique que voilà, la France archéologique était en émoi.

*

C'est alors que débarqua François...

Phidias

Avec le nez, et les bras...

L'homme avait besoin qu'on le reconnaisse, et pour prouver son adresse, de Phidias avait copié rondeurs et fesses.

L'affaire ne fut cependant pas aussi simple, car bien que possesseur des membres, l'auteur en avait oublié, lors de sa création, d'en faire des clichés...

L'anonymat, ça tient parfois à un bras...

Voire à une casserole.

*

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Publicité
Commentaires
T
Ah les faussaires.. quelle histoire!<br /> <br /> Cette année j'ai un collègue qui s'appelle Moîse, pas facile....
S
oui contente de te relire de nouveau, toujours d'aussi bonne qualité et très drôle ton billet... bon j'espère que tu vas bien ?<br /> <br /> bises sylvie
D
Au milieu du chaos tu nous donnes à rire et à revenir aux fondamentaux qui nous parlent et nous font rêver.......merci...bises
C
Toujours aussi passionnants tes articles, ma chère Anne<br /> <br /> Catherine J
A
Je suis heureuse de te lire, je m'inquiétais de ce silence, merci pour ce beau reportage Amicalement Anne-Marie
Publicité
Publicité